Eco 101: Le coût de renonciation

Un des premiers principes appris en économie est les décision ont un coût direct, mais aussi un coût de renonciation. Par exemple, on peut payer 10$ pour un sandwich, mais en faisant cela, nous ne pourront plus nous acheter un billet de cinéma avec cet argent. Ce principe s’applique aussi dans les tâches que l’on effectue.

Un avocat qui charge à ses clients 500 dollars de l’heure peut bien décider de couper son gazon lui-même. Si cette tâche lui prends une heure, elle ne lui a rien coûté directement… mais vu qu’il aurait pu plutôt travailler sur son dossier et engager le jeune voisin pour le faire pour 20 dollars, le coût de renonciation de cette décision est de 480 dollars, soit le montant supplémentaire qu’il aurait eu dans ses poches si il avait pris l’autre décision.

Prenons ce principe et amenons-le au conflit étudiant. Quelques-uns de mes billets ont parlé de certains problèmes avec l’idée de l’universalité des études supérieures, principalement reliées au manque de demande de diplômés dans les sciences humaines. Les points dont j’ai discuté – sentiment d’avoir perdu son temps si on ne décroche pas un emploi relié à ses études, ou sentiment d’être sous-employé, ou à l’inverse l’embauche comme fonctionnaire additionnel (qui n’apporte aucun gain à la richesse collective, et qui nous apporte en fait un coût additionnel) sont une façon de voir le problème.. mais non la seule.

Pour l’étudiant, une réflexion devrait être nécessaire quant à la pertinence de son cheminement. Un étudiant fictif aurait le choix de terminer son secondaire, et ensuite s’enrôler dans une école professionnelle et suivre un cours de secrétariat intensif d’un an et devrait payer de sa poche un montant de 10,000$ (couvert par les prêts et bourses – une autre question). Il sort de son cours à 19 ans et se trouve un emploi raisonnable, où lors de sa carrière il gagnera le salaire moyen pour un travailleur québécois – soit 37,000$ environ. Après sa retraite à 65 ans, il aura gagné un montant de 1,702,000$.

Un autre étudiant décide de se lancer dans les études car sa famille l’a toujours encouragé à aller dans cette direction. Il décide de poursuivre des études en littérature, car il aime bien lire et croit que ce domaine pourrait être intéressant et pourrait aider à sa culture générale. Il se plonge dans les études, et termine sa maîtrise sans avoir perdu de temps à l’âge de 25 ans. Après un an de recherche d’emploi, il réussit à se faire placer dans un département d’un ministère quelconque, et se déniche un bon emploi… et gagne 42,000$ par an, soit 5,000$ de plus que son ami! Après sa retraite à 65 ans, il aura gagné un montant de …. 1,680,000$

Donc, il est important pour un étudiant de considérer que les années qu’il passe sur les bancs d’école ont un coût de renonciation bien plus considérable que le coût des frais scolaires. Pendant chaque année supplémentaire qu’il passe sur les bancs d’école, il renonce à un an de salaire. Dans les faits, cet effet est même un peu amplifié car durant chacune de ces années, il ne renonce aussi à accroître son expérience de travail d’une année, ce qui compte par la suite sur chacune de ses années de travail subséquentes. L’étudiant doit donc s’assurer que le diplôme qu’il convoite n’est pas seulement atteignable, mais bénéfique à sa situation en bout de ligne. La mantra qui est souvent répétée est qu’un diplôme universitaire complété va rajouter des centaines de milliers de dollars en revenu durant une carrière n’est pas fausse – mais c’est une moyenne. Le calcul n’est pas le même pour tous les diplômes et toutes les carrières!

Publié le 4 Mai 2012, dans Éducation, Eco 101, Politique québécoise. Bookmarquez ce permalien. Poster un commentaire.

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